Los Angeles, Barney’s Beanery avec Richard & Tony

Autre ambiance, autres murs préférés, ceux de Barney’s Beanery, sur Santa Monica Boulevard. Repaire d’écrivains, de rockers, d’acteurs, d’artistes depuis 1920 et bel exemple de style éclectique du LA multifacettes. L’endroit a connu les grandes heures d’Hollywood, le rock, la contreculture, les premiers mouvements gay des années 60. C’était aussi le QG de Columbo qui y prenait son chili – hot, avec beaucoup de crackers dans son bol. Je me suis glissée sur ma banquette préférée et mon imagination s’est mise à bouillonner :

J’ai imaginé Richard et Tony. Deux vieux de la vieille qui se retrouvent sur cette banquette tous les vendredis matins. Le reste du temps, Tony – en fait, Antonio – est romancier, chez lui, à un block de là. Richard fait des musiques de films dans son recording studio de downtown, au cinquième étage d’un immeuble où a vécut Raymond Chandler dans ses années 40 quand il écrivait pour Hollywood en haïssant ça. Il se retrouvent chez Barney’s pour le petit déj., tôt, parce que quand leurs familles sont arrivées à LA on disait que les émigrés étaient des foutre rien et que ça, ils l’ont pas oublié.

Ils ont plutôt bien réussi dans leurs métiers, mais ça change rien, ils continuent à se démener à près de 80 ans, sauf le vendredi matin. Là, c’est la pause avant d’aller faire un jogging sur la plage de Santa Monica. Richard s’assied du côté de la Pourable mustard parce que son père Irlandais lui répétait que c’était un puissant anti cancer et qu’après son arrivée avec les irlandais qui fuyaient la grande famine de 1860, ca a été le premier luxe américain qu’il a pu s’offrir. Tony se met du côté du sucre en poudre parce que son nutritionniste lui a permis de prendre un pancake le matin, mais sans sirop d’érable, alors il le saupoudre d’une lichette de sucre pour faire comme chez lui, au Mexique. Sa famille a fui la Révolution mexicaine de 1910 et à six ans, il travaillait avec eux dans les fermes californiennes pour 10 cents de l’heure. Depuis, il vomit les tomates et quand il entend dire que les chicanos sont bons qu’à faire la sieste, il devient enragé. Son cardiologue lui a dit d’éviter de s’énerver, à quoi il répond que de toutes façon, il a déjà trois ex-femmes qui lui foutent sa vie en l’air. Ils se sont connus chez Billy Wilder et pensent tous les deux qu’ils ont drôlement bien tenu le coup et qu’il ne faut jamais épouser des actrices.

Barney’s Beanery, 8447 Santa Monica Boulevard, West Hollywood. www.barneysbeanery.com

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