Taos, Native Land, Native People

Il faut s’y trimballer ! Que 170 kilomètres depuis Santa Fe mais alors, interminables. Remarquez, vous avez le temps de noter quelques grands classiques du mythe américain. Un vieux bar pourave. Une cantina moribonde. D’immenses boîtes de nuit, – c’est écrit en énorme dessus – pourvues de leurs non moins immenses parkings. Et en arrivant à Taos, du mall à foison.

Heureusement, il y a les paysages autour. Epoustouflants. Et les imprévus. Les perles fines. Je suis entrée dans un poste d’essence où on vendait absolument de tout, même des beaux livres, dont le somptueux Native Land Native People, regroupant des clichés du grand Edward S.Curtis (1868-1952). Le talent à l’état pur d’un fou de voyages, qui commença par suivre son père épicier-prédicateur dans les paroisses les plus dispersées, à cheval, en canoë, par tous les moyens imaginables. En 1906, il entreprit de photographier les amérindiens des 80 tribus existantes. Projet soutenu entre autre par le président Roosevelt. Une course contre la montre s’amorça alors de 1907 à 1930, l’emmenant chez les Pueblo, les Blackfeet, les Algonquins, les Hopi… On dit qu’il mangea indien, parla indien, devint indien. Résultat : quelques 50.000 clichés magistraux, de paysages, visages, scènes de la vie de chaque jour, d’humanité dans toute sa richesse.

Quand un photographe de cette trempe, passionné par le monde, aventurier, ethnologue, et l’un des premiers photojournalistes, traverse mille fois un continent pareil pour rendre hommage à la nation indienne, cela donne forcément un travail magnifique. Et quand on le découvre au fin fond d’une vieille station d’essence, c’est encore plus beau. (Rassurez- vous, le livre est aussi sur Amazon – parce qu’il pèse son poids).

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