Chez Mabel Dodge Luhan. Pas vraiment un hôtel, pas vraiment une maison d’hôtes, pas non plus un endroit où tout le monde irait. Alors ? Disons, une maison d’hôtes/hôtel,-atelier d’écriture-de peinture-de photographie-de yoga-de méditation-de self discovery… créée, organisée, pour les arts et les artistes. Un vrai nid voué à la culture et aux paysages tout autour.
Mabel Dodge découvrit Taos en 1916. Fille de banquiers de Buffalo, féministe, mécène, bisexuelle, artistes à ses heures, elle était bien décidée à attraper tout ce que le début de siècle offrait aux femmes. Son rêve : créer des colonies d’artistes – ce qu’elle fit partout sur son passage. A Paris, où elle connut André Gide; Dans son palais à Florence où elle reçut Gertrude Stein, à New York, Santa Barbara… On parlait beaucoup du Nouveau Mexique… Elle voulut voir. D’abord elle trouve l’endroit effroyable. Toute cette poussière, ces villages terreux, cela a changeait un peu trop de la la 5eme avenue. Mais la région était splendide, la spiritualité et l’ambiance aussi intense qu’elle l’espérait. Elle fut vite sous le charme. En plus, fait non négligeable, Santa Fe sur lequel elle avait d’abord jeté son dévolu, était déjà prit par une autre femme artiste bien émancipée Alice Corbin Henderson, qui elle, donnait dans la poésie… Mabel se dit que tout compte fait, Taos était un bon point de chute si elle voulait régner seule, en gloire et majesté.
Elle fit venir sa Cadillac pour promener ses artistes-amis, s’habilla style pueblo, plongea dans les trips psychédéliques, Jung et Freud, épousa un indien Tiwa qu’elle avait rencontré en rêve quelques semaine avant, (après Messieurs Evans, Dodge, et Sterne). Sa maison devint the place to be. Elle reçut DH Lawrence, Martha Graham, Willa Cather (prix Pulitzer pour L’un des nôtres), Georgia O’Keeffe qui y vécut avant d’acheter son ranch. Bien plus tard, Dennis Hopper trouva l’endroit parfait pour écrire le script d’Easy Rider et faire venir sa bande de L.A…
En arrivant j’ai pensé à l’Hôtel Chelsea de New-York Un endroit légendaire, sans faste, sans luxe, à part celui de l’ambiance unique (la maison est tout de même inscrite dans le National Register of Historic Places comme le Chelsea). Pas de desk, pas de service d’accueil, pas de voiturier…Et après-midi là, pas un chat non plus. Rien que les pièces ouvertes comme si on allait revenir d’un moment à l’autre, le jardin silencieux, les vieux meubles, les vieux livres, la chaleur dorée… Un vrai retour au « sacré primitif », comme disait Lawrence.