Chine, Shanghai – Le Madarin Yu

Il est là, mollement installé dans son pavillon, sa pipe d’opium toute proche. A quoi pense–il, le Madarin Yu ? Le XVIe siècle est arrivé et il va construire ce jardin, ces étangs, y placer des poissons, organiser des pièces sombres, choisir d’endroit où il mettra ses lions en pierre et ses dragons. C’est son père qui lui a demandé de construire un endroit où il pourrait se reposer parce qu’il se fait vieux, qu’il veut finir son existence tranquille. Le Mandarin Yu a beaucoup d’idées. Il va dessiner des sentiers, des labyrinthes, des monticules de terre qui vont représenter des collines, des pagodes et des pavillons remplis de céramiques, et installer de superbes murs de bambous. Il va organiser les plantes et les fleurs comme dans une calligraphie et mettre des poissons rouges dans des bassins de lotus. Il va construire un pavillon d’été, pour y mettre ses parents et un autre, pour lui, pour y installer ses femmes, concubines et servantes, Il y en a une qu’il aime beaucoup en ce moment. Son poste de gouverneur du Sichuan devrait lui permettre d’avoir tous les financements dont il a besoin se dit-il en tirant sur sa pipe hollandaise. Il imagine qu’un jour il y aura des boutiques tout autour de son jardin, que des gens viendront peut-être voir son travail. Dans le futur, bien après son époque, bien après la dynastie Ming… Il imagine la brume sur les toits et le mystère des pièces plongées dans l ‘ombre, les visiteurs marchant de salle en salle, des étrangers peut-être même ? Il repenserait à tout ça plus tard. Pour le moment, il a seulement envie de se laisse aller sur son divan, enveloppé par les vapeurs de d’opium.

On m’avait dit qu’il fallait éviter le Yu Garden, trop touristique. On m’avait dit que Shanghai c’était la folie, la vie à 2000 à l’heure, pas une seconde de répit. Moi, je n’ai vu que l’histoire du Mandarin Yu, à 11h du matin, dans le Yu Garden presque vide. Il n’y avait que quelques employés, des marchands qui commençaient à ouvrir leurs boutiques de souvenirs, une poignée de touristes. Tout était serein et en paix, très différent de l’image que l’on donne habituellement de Shanghai et j’ai pensé que vous voudriez voir ça avec moi.

J’en profite pour remercier Sophie De Bellescize, amie photographe, décoratrice, et camarade d’aventure idéale, qui est venue avec moi ce jour là.

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