Anchorage, deux endroits et une rencontre

Oh, il ne faut pas s’attendre à des musées et à milles choses à voir ici ! Anchorage n’est pas une belle ville. Rien de très excitant à première vue. Charme zéro. Mais… mais…

En se promenant avant ou après le grand saut dans la nature, on attrape un peu ce qui fait la vie en Alaska. Le vieux Fourth Avenue Theatre, datant de 1941, sur l’avenue du même nom. Le Club Paris, Steak house & cocktail bar (417W.5th Avenue), ouvert lui, depuis 1957, ancien funérarium, (le bar était la chapelle), cadre d’un meurtre (jamais résolu dit-on), réputé pour son ambiance, ses martinis et ses steaks d’enfer. Les gens, inattendus, comme Rod Perry et son traîneau…

Il vendait ses livres à un carrefour, avec à côté de lui, le traîneau qu’il avait construit. Des livres sur quoi ? Sur son expérience de pionnier de l’Iditarod race, la plus célèbre course en chiens de traineaux du monde. « The Last Great Race on Earth » – 1850 km d’Anchorage à Noma généralement sous -40°… Il n’ y avait personne autour. Pas de fans. Pas de queue de lecteurs. Pas de service de presse ni de représentant d’un éditeur. Une table en bois, quelques ouvrages posés dessus, c’est tout. J’ai acheté le plus récent (sur ses conseils) parce quand on écrit, on sait ce que c’est que de vendre ses livres. Il me l’a dédicacé tranquillement. « J’ai un site internet, il m’a dit, mais il n’est pas très à jour ». Il s’excusait. J’ai imaginé la même situation en Europe. Un grand aventurier, ayant réalisé un tel exploit (plusieurs fois, de surcroît) vendant ses livres dans la rue, attendant le chaland sans un chat autour, et s’excusant en plus. Ça, ça n’arrive pas souvent pour sûr. Ce fut mon dernier souvenir d’Alaska. Cet homme qui avait accompli un exploit digne de paraître dans les livres d’histoires, et qui a posé pour ma photo avec une fierté sans manières, simplement heureux de susciter de l’intérêt. Nous avons bavardé un peu, et quand je l’ai quitté et qu’il m’a tendu sa main, j’ai été heureuse de la lui serrer.

www.rodperry.com et www.iditarod.com

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Alaska, Kachemak State Park, thanks to Kevin & the Sidelinger clan

Il n’y a pas que le voyage dans la vie… Il y a le mal que les gens se donnent pour vous. Les moments qu’ils vous offrent. Les histoires qu’ils vont, ou non, vouloir vous raconter. Le Kachemak Park, c’est Kevin qui nous l’a fait découvrir. On ne peut y arriver que par bateau ou avion. Il n’y a pas de routes pour rejoindre la plupart des sites du parc. La faune, la flore, l’horizon, l’air limpide, les montagnes qui disparaissent dans les nuages… tout est unique. Pas une seconde n’est perdue. Pas une instant n’est moins qu’extraordinaire. C’est un sanctuaire pour les ornithologistes. Les baleines viennent s’y nourrir de plançons particulièrement riches. En quelques minutes de marche, nous sommes passés de la toundra, aux icebergs, aux forêts d’épicéas géants parsemées de mousses, de plantes et de fleurs inconnues ailleurs. Pendant la randonnée, un ours brun a croisé notre route. Le temps de réaliser, et il s’est mis à pleuvoir. Pleuvoir ?!!! Ah ! Des ruisseaux, des torrents, oui ! Heureusement, Kevin avait tout ce qu’il fallait dans son sac (et aussi les sandwichs de Lucinda). Vu que je n’avais que mon jean et des baskets, c’était une chance. On a enfilé les vestes, les surbottes en gore tex, tout ce qu’on pouvait du moment que cela protégeait… Fallait nous voir. Fashion Week en Alaska ! Plus tard, on a prit des kayak pour aller jusqu’aux glaciers. On a suivi Kevin en pagayant lentement. A un moment, on pouvait presque les toucher. La lumière était phénoménale et personne ne parlait (on dit que le parc compte environ 160.000 hectares de glaciers…). C’était un voyage fou, que j’avais fait simplement parce que je voulais l’Alaska, et maintenant, j’étais là, aux pieds de ces murailles démesurées… A cet instant, j’ai savouré ma chance. Les couleurs surtout, laissaient sans voix. Des bleus cinglants. Des blancs cru. Une subtilité inouïe. Au retour, ça sentait le vieux bois, la végétation mouillée, des textures de mousses et de plantes qu’on ne trouve qu’ici. On s’est arrêtés un instant chez le gardien du parc pour se réchauffer. Gardien qui vivait dans sa cabane seul depuis des mois, et avait laissé sa famille en ville. La joie de vivre, la gentillesse, l’humour qu’il mit dans ces quelques instants, furent une grande leçon. Plus tard, Kevin a cueilli un peu de mousse qu’il ne connaissait pas pour pouvoir l’étudier. Nous sommes tous rentrés vannés. A peine la force de mettre les photos sur l’ordinateur. Pour tout dire, ce dont je rêvais, c’était d’un bon vieux whisky on the rocks !

http://dnr.alaska.gov

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Alaska, Halibut Cove, Ridgewood Wilderness Lodge (a story of adventure & life)

Il y a quelques années, j’ai fait un reportage sur Seattle pour un magazine. Une catastrophe (texte coupé sans me prévenir, photographe imposé, s’arsouillant aux frais de la princesses dès les dix premières minutes de vol, un vrai grossier) d’autant plus minant que j’avais adoré la ville et rencontré des gens passionnants (merci Jodi, merci Racha !), mais cela m’a permis de voir la première porte sur l’Alaska. Seattle était le premier pas, la préparation, avec ses buildings fantastiques mêlés à la nature. Le Canada, le second, avec déjà moins de buildings. L’Alaska, le grand saut, avec la nature qui balaye tout.

J’avais très envie d’inclure l’Alaska dans mon prochain livre. Il me semblait difficile de parler de préservation, d’écologie, sans inclure l’un des plus fabuleux sites naturels du monde. J’ai cherché longtemps, comme souvent. Il me fallait du sensationnel, du confort, de l’âme… Un endroit vrai, qui colle au lieu. J’ai trouvé le Ridgewood Wilderness Lodge par hasard. Un site incroyable (Halibut Cove, un lagon dans le Kachemak Bay State Park), une ambiance décontractée et professionnelle. Et certainement de l’âme. C’est même la première chose qu’on remarquait après seulement quelques échanges d’emails avec mon « contact », Jessica.

Kevin attendait le water taxi sur le minuscule ponton en bois. Tout autour, la forêt, des fleurs, des plantes, des arbres touffus et foisonnant. Quelle abondance ! Rien à voir avec la vision habituelle de l’Alaska inhumaine et glacée. On a calé les bagages dans son 4X4. La maison est arrivée après la forêt encore humide de la dernière pluie. Pas de route. Rien qu’une piste et notre 4X4 dans la forêt encore vaporeuse.

Lucinda, la femme de Kevin, est venue nous accueillir. Jessica, sa belle-fille, a laissé son ordinateur et ses emails pour venir aussi. Bowman leur fils, le mari de Jessica (vous me suivez ?) a rejoint le flot. Un couple de Santa Fe, Caren et Kenny, avaient aussi réservé au lodge et on s’est tous mis à discuter en sortant les bagages. Pas de check in/check out, ni de papiers à remplir. Enfin, la paix. Une maison de famille, une grande gentillesse, une façon de vivre sans complication, comme cela allait être généralement le cas ici.

La table était dressée. Le dîner, prêt (le domaine de Lucinda, un vrai cordon bleu !). Il y avait une paire de chaussons d’enfants qui séchait sur le grand poêle. Dans l’entrée, on voyait les gilets de kayak, les combinaisons isothermes, tout ce qu’il fallait pour attaquer les parc nationaux et les glaciers (le domaine de Kevin et Bowman). Nous nous sommes installés et Lucinda a commencé à raconter son arrivée en Alaska (elle vient de l’Oregon – Kevin du Maine), comment ils avaient fait leur vie ici. Le lendemain, nous étions prêts pour le grand saut dans le vide. Il y avait une lumière incroyable, une ambiance… On n’a rien dit mais quelque chose volait dans l’air comme…  » Sure ? » –  » Quite Sure ».

www.ridgewoodlodge.com – Ecolodge, photography trips, personal attention & much, much, much more…

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