Homer, We love Fish !

Une fois à Homer (la ville des mines de charbon, de l’or, « the end of the road » comme on dit ici) il va falloir prendre un bateau… Vous venez de tracer pendant cinq heures. Vous avez envie de grignoter quelque chose. De voir un humain. Vous finissez par vous demander si vous en verrez un, un jour… Le plus incroyable est peut être de tomber sur un snack-boutique aussi raffiné. Le Coal Point Seafood C° (d’abord une poissonnerie) juste sur le port. Certains pourraient en prendre de la graine ! Vous êtes au bout du monde, sur un minuscule port d’Alaska, et il y a ce restaurant-café-boutique de souvenirs- épicerie de rêve. Une entreprise familiale de gens qui adorent le poisson, avec cinq fils dans le métier. Tout le monde sourit. C’est sympathique et professionnel. On vous sert des sandwichs au saumon à tomber, épais comme des pavés de John Grisham. Et j’adore leur motto, clair et sobre « We love Fish ». Cette fois, la serveuse venait de Portland. Elle avait vécu à Paris et à Fortaleza. Elle comptait retourner à Portland après son job ici. Et elle s’appelait Lauren. Une déesse du sandwich au saumon.

www.welovefish.com

A deux mètres de là, il y a le water taxi de Mako. C’est lui qui vous emmène à Halibut Cove. Vous l’avez vue la carrure du personnage ?

www.makoswatertaxi.com

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Alaska, The Sunrise Inn gas station and b&b

Le contact que j’avais à l’hôtel d’Halibut Cove m’avait dit de prendre la Sterling Highway en voiture jusqu’à Homer au lieu de l’avion (on se croirait dans un John le Carré). Que cela valait vraiment la peine. Elle avait cent fois raison. Il y a des pays où il faut voir ce qui se passe de tout près. Et puis, dans un train ou un avion, on ne peut pas sauter en route. On doit suivre le mouvement, attendre pour boire, pour manger, être discipliné… Cela enlève beaucoup à l’aventure. L’idéal est de passer une nuit à Anchorage et de partir le lendemain matin. Le trajet dure environ cinq heures. Il ne faut pas être pressé. Mais quand on vient ici, c’est que justement, qu’on ne l’est pas.

Le Sunrise Inn, gas station & B&B arrive au km 45 de la Highway. L’endroit fait station service, boîte de nuit, restaurant, motel, parking, bar… Toute une ambiance. En entrant, on vous lance un « Hi Sugar ! » à faire trembler les murs (ca changes des b’jour ramollis parisiens – quand b’jour il y a). Derrière une grande vitrine, on avait exposé des pies home made. Des portions faites pour caler les estomacs des hikers, chasseurs et pêcheurs partis depuis l’aube. Derrière le bar, la plus jeune des deux serveuses rangeait des assiettes en écoutant les histoires d’un habitué. Il avait opté pour la soup of the day. En bol au lieu d’une tasse. Même chose pour moi. Tant qu’à faire, je préfère prendre ce que prennent les habitués. Ce jour là, c’était bœuf et orge. Plutôt bon.

Devant mon bol j’imaginais… La serveuse s’appelait Doreen. Elle avait 19 ans et travaillait là depuis deux ans. Son petit copain s’appelait Alec. Il habitait avec elle dans un des petits villages du coin, et pêchait le halibut avec son père Mac qui avait une petite entreprise familiale qui marchait bien. Doreen avait hâte d’aller le retrouver. Elle voulait lui annoncer qu’elle était enceinte et y avait réfléchi toute la matinée. Maintenant elle était décidée et voulait savoir ce qu’ils allaient faire. L’habitué s’appelait Val Peters, mais son vrai nom était Vladimir Petrowski. Sa famille avait fait partie des premiers russes à s’établir dans la Péninsule de Kenai. Un de ses oncles avait même participé à la ruée vers l’or. Lui-même était fier de sa carrière, mais il faisait attention à ne pas le montrer. Il avait été un biologiste marin réputé et avait même gagné un prix pour ses recherches. Il lui arrivait souvent de penser à son père qui ne savait pas lire et regrettait qu’il n’ait pas pu assister à sa réussite. Val était veuf, et son grand plaisir maintenant était d’aller passer ses week-ends à Anchorage où vivait sa fille, et avant, de rester tranquillement assis au Sunrise devant un bon bol de soupe.

La plus vieille serveuse, c’était Mona. Elle, elle était arrivée avec le flot des hippies qui avaient envahis l’Alaska dans les années 60 – pour vivre autre chose et aussi se faire oublier. Elle avait des kilomètres au compteur. Elle se moquait pas mal de ce qui se passait ailleurs du moment qu’on la laissait tranquille dans son condo près du Sunrise. Elle écoutait Dolly Parton le matin en prenant son petit déjeuner, avait arrêté de se teindre les cheveux le jour où son mari l’avait quittée. Comme il avait emporté tout leur argent, elle avait prit ce job qu’elle n’aimait pas, mais avec sa paye, elle pouvait s’acheter des CD de Dolly, s’offrir des virées dans la boîte du Sunrise, et avoir des amants beaucoup plus jeunes qu’elle, qui étaient souvent guides de rafting pour la chambre de commerce locale.

PS : Ces divagations n’engagent que moi.

www.alaskasunriseinn.com

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Alaska, en route pour Homer

Un clic par la voiture et la photo était prise. Un bout de terre, un hydravion. Le meilleur moyen – parfois le seul – de communication par ici. Une machine magique de la taille d’une boîte à chaussures, comme dans tous ces endroits du globe où la terre est inaccessible, même par bateau. On dit que les distances s’amenuisent, que les endroits isolés sont de plus en plus faciles d’accès… Il y a encore, par chance, des endroits à l’opposé de nos vies qui donnent envie d’aller voir ce qui s’y passe. C’est plus que seulement du voyage. Je me disais, qui vit là ? Comment se passent leurs journées ? Est-il, est-elle, sont-ils, heureux ? Se sentent-ils libres ou enfermés ? Ont-ils un chien, des enfants, et le matin, vont-ils travailler dans le coin ou travaillent-ils là, vont-ils fêter bientôt un anniversaire ? Toutes ces vies que je ne connaîtrais jamais, allaient-elles avoir quand même un impact sur moi ? Je songeais à toutes ces personnes qui avaient des joies et des peines aussi. Qui sur leur bout de terre, se disaient peut-être la même chose que moi au même moment.

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